et la beauté d’Hêna, voulurent se tuer sur son bûcher, afin de renaître avec elle… Les ewaghs les repoussèrent, bientôt la flamme enveloppa le bûcher. Hêna disparut au milieu de ces splendeurs éblouissantes. Bientôt il ne resta plus de la vierge et du bûcher que des cendres. Un grand souffle du vent de mer survint et dispersa ces atomes… La vierge de l’île de Sên, brillante et pure comme la flamme qui l’avait consumée, s’était évanouie dans les airs pour aller revivre et attendre ailleurs ceux qu’elle aimait !
Les cymbales, les harpes, retentirent de nouveau, et le chef des bardes chanta :
— Aux armes, Gaulois ! aux armes !
— Le sang innocent d’une vierge a coulé pour vous, et le vôtre ne coulerait pas pour la patrie !!! — Aux armes !… voici le Romain ; frappe !… Gaulois ! frappe-le à la tête… frappe fort… — Tu vois le sang ennemi comme un ruisseau ! il te monte jusqu’au genou ! courage ! frappe fort, Gaulois ! frappe donc le Romain ! plus fort encore !… — Tu vois le sang ennemi comme un lac ! il te monte jusqu’à la poitrine ! Courage ! frappe plus fort encore, Gaulois ! frappe donc le Romain ! frappe plus fort encore ! tu te reposeras demain. — Demain la Gaule sera libre ! — Qu’aujourd’hui de la Loire à l’Océan il n’y ait qu’un cri… aux armes !…
Toutes les tribus, comme emportées par ce souffle de guerre, se dispersèrent en courant aux armes… La lune avait disparu, la nuit était venue, que du sein des forêts, que du fond des vallées, que du haut des collines où brillaient des feux d’alarme, mille voix répétaient encore ce chant du barde : — Aux armes !… Frappe, Gaulois ! frappe fort le Romain ! Aux armes !…
Ce récit véridique, de tout ce qui s’est passé dans notre pauvre maison le jour anniversaire de la naissance de ma glorieuse fille Hêna,