Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/270

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voiles blancs, de feuillages et de fleurs, la foule des tribus cria tout d’une voix : — « Qu’elle est belle !… qu’elle est sainte !… »

Joel l’écrit ici avec sincérité. Elle était bien belle, sa fille Hêna !  !  ! ainsi debout sur le bûcher, éclairée toute entière par la douce clarté de la lune, avec sa tunique noire, ses cheveux blonds, couronnés de feuilles vertes, tandis que ses bras, plus blancs que l’ivoire, s’arrondissaient sur sa harpe d’or !

Les bardes firent silence.

La vierge de l’île de Sên chanta d’une voix pure comme son âme :

— La fille de Joel et de Margarid vient avec joie sacrifier à Hésus !

— Ô Tout-Puissant… de l’étranger délivre la terre de nos pères !

— Gaulois de Bretagne, vous avez la lance et l’épée !

— La fille de Joel et de Margarid n’a que son sang ; elle l’offre volontairement à Hésus ! 


— Ô Dieu tout-puissant ! rends invincibles la lance et l’épée gauloises ! Oh ! Hésus, prends mon sang, il est à toi… sauve notre sainte patrie !

La plus âgée des druidesses s’était tenue debout sur le bûcher derrière Hêna, le couteau sacré à la main… Lorsque Hêna eut chanté, le couteau brilla… et frappa la vierge de l’île de Sên…

Sa mère, ses frères, tous ceux de sa tribu, et Joel, son père, virent Hêna tomber à genoux, croiser les mains sur son sein, tourner son céleste visage vers la lune, en s’écriant d’une vois ferme encore :

— Hésus… Hésus… par ce sang qui coule… clémence ! pour la Gaule !…

— Gaulois, par ce sang qui coule ! victoire à nos armes !…

Le sacrifice d’Hêna s’accomplit ainsi au milieu de la religieuse admiration des tribus… et tous répétèrent ces dernières paroles de la vaillante vierge : « Hésus ! clémence pour la Gaule !… Gaulois ! victoire à nos armes !… »

Plusieurs jeunes hommes, enthousiasmés par l’héroïque exemple