Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/280

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plus étroit des deux chemins. Et les deux voyageurs poursuivirent leur marche.

Au bout de quelques pas, la jeune femme s’arrêta, et parut chercher dans ses vêtements.

— Qu’as-tu, Méroë ?

— Attends-moi ; j’ai, en montant à l’arbre, laissé tomber mon poignard ; il se sera détaché de la ceinture que j’ai sous ma saie.

— Par Hésus ! il nous faut retrouver ce poignard, — dit Albinik en revenant vers l’arbre. — Tu as besoin d’une arme, et celle-ci, mon frère Mikaël l’a forgée, trempée lui-même, elle peut percer une pièce de cuivre.

— Oh ! je retrouverai ce poignard, Albinik ! Avec cette petite lame d’acier bien effilée, on a réponse à tout… et dans tous les langages.

Après quelques recherches au pied du chêne, elle retrouva son poignard ; il était renfermé dans une gaine, long à peine comme une plume de poule, et guère plus gros. Méroë l’assujettit de nouveau sous sa saie, et se remit en route avec son époux. Après une assez longue marche, à travers des chemins creux, tous deux arrivèrent dans une plaine : on entendait très au loin le grand bruit de la mer ; sur une colline on apercevait les lueurs de plusieurs feux.

— Voici enfin le camp de César ! — dit Albinik en s’arrêtant : — le repaire du lion…

— Le repaire du fléau de la Gaule… Viens… viens… la soirée s’avance.

— Méroë !… voici donc le moment venu !…

— Hésiterais-tu, maintenant ?…

— Il est trop tard… Mais j’aimerais mieux un loyal combat à ciel ouvert… vaisseau contre vaisseau… soldats contre soldats… épée contre épée… Ah ! Méroë… pour nous, Gaulois, qui, méprisant les embuscades comme des lâchetés, attachons des clochettes d’airain aux fers de nos lances, afin d’avertir l’ennemi de notre approche, venir ici… traîtreusement…