Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/312

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l’homme à la hache… Restez donc à bord de vos navires ; demain ils seront remis à flot par la marée montante… et demain bataille… bataille à outrance… Le Gaulois aura une fois de plus montré que jamais Breton ne fit trahison… et que s’il est glorieux de la mort de son ennemi, c’est lorsqu’il a loyalement tué son ennemi…

Et Albinik et Méroë, laissant l’interprète effrayé de ces paroles, se sont dirigés en hâte vers la ville de Vannes, pour y donner l’alarme et prévenir les gens de la flotte gauloise de se préparer au combat pour le lendemain…

Chemin faisant, l’épouse d’Albinik lui a dit :

— Le cœur de mon époux bien-aimé est plus haut que le mien. Je voulais voir détruire la flotte romaine par les écueils de la mer… Mon époux veut la détruire par la vaillance gauloise. Que je sois à jamais glorifiée d’être la femme d’un tel homme !




« Ce récit que votre fils Albinik, le marin, vous envoie, à vous, ma mère Margarid, à vous, mon père Joel, le brenn de la tribu de Karnak, ce récit votre fils l’a écrit durant cette nuit-ci qui précède la bataille de demain. Retenu dans le port de Vannes par les soins qu’il donne à son navire, afin de combattre les Romains au point du jour, votre fils vous envoie cette écriture au camp gaulois qui défend par terre les approches de la ville. Mon père et ma mère blâmeront ou approuveront la conduite d’Albinik et de sa femme Méroë, mais ce récit contient la simple vérité. »