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CHAPITRE III.


La veille de la bataille de Vannes, Guilhern, le laboureur, fait une promesse sacrée à son père, Joel le brenn de la tribu de Karnak. — Position de l’armée gauloise. — Le chef des cent vallées. — Les bardes à la guerre. — La cavalerie de la Trimarkisia. — La chaîne de fer des deux saldunes. — Piéton et cavalier.




La veille de la bataille de Vannes, qui, livrée sur terre et sur mer, allait décider de l’esclavage ou de la liberté de la Bretagne, et, par suite, de l’indépendance ou de l’asservissement de toute la Gaule, la veille de la bataille de Vannes, en présence de tous ceux de notre famille réunie dans le camp gaulois, moins mon frère Albinik et sa femme Méroë, alors sur la flotte rassemblée dans la baie du Morbihan, mon père Joel, le brenn de la tribu de Karnak, a dit ceci à moi son premier né, Guilhern, le laboureur (qui écris ce récit) :

— Demain est jour de grand combat, mon fils ; nous nous battrons bien. Je suis vieux, tu es jeune; l’ange de la mort me fera sans doute partir le premier d’ici, et demain peut-être j’irai revivre ailleurs avec ma sainte fille Hêna. Or, voici ce que je te demande, en présence des malheurs dont est menacé notre pays, car demain