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latilisation de la matière par la flamme à ces charniers répugnants appelés cimetières, qui, dans un temps donné, finiront par envahir l’espace réservé aux vivants.

Mais, contrairement aux Grecs, les Gaulois, beaucoup moins préoccupés de la matière ou de ce qui en rappelait les souvenirs, n’en conservaient pas les cendres.

« Les Gaulois, dit Jean Raynaud, tous pénétrés des sublimes enseignements de la spiritualité druidique, sentaient bien qu’il n’y avait point là le sujet d’un crime ; s’ils faisaient moins d’état des cendres ils songeaient davantage aux âmes, c’est une différence que les monuments ont consacrée d’une manière bien sensible ; au lieu de l’urne païenne noyée dans les pleurs, on trouve des sculptures gauloises qui représentent le personnage mortuaire, les yeux levés vers le ciel, d’une main tenant la cippe, et de l’autre, à demi ouverte, montrant l’espace. Au lieu de ces stériles inscriptions du paganisme, qui n’inspirent jamais que le deuil et les larmes, on trouve chez nos pères des inscriptions qui savent, à côté du regret, recommander l’espérance. On connaît celle-ci, découverte sur les bords du Rhône : Si la cendre manque dans cette urne, alors regarde l’esprit, sur le salut duquel rien n’a été dit témérairement. »

Quel parfait affranchissement de tout lien matériel ! (DRUIDISME. Encyclop. nouv.)


Toujours ainsi à l’infini (page 243).

« Pour les druides, la totalité des êtres qu’embrasse la pensée se divise en trois cercles : le premier de ces cercles (CYLCH-Y-CEUYANT) Cercle de l’Immensité, de l’infini, n’appartient qu’à Dieu ; le second (CYLCH-Y-GWYNPYD), Cercle du Bonheur, comprenait les êtres revêtus du degré supérieur de sainteté, c’était le paradis ; le troisième cercle (CYLCH-YR-ABRED), Cercle des Voyages, enveloppait tout l’ordre naturel ; c’est là, au fond des abîmes, dans les grands océans de l’espace, que commençait le premier soupir de l’homme ; placé bientôt entre le bien et le mal, il s’exerçait longtemps dans les épreuves de ce milieu, sortant de l’une par la mort, reparaissant dans une nouvelle épreuve par la renaissance ; le but proposé à son courage était d’acquérir ce que l’on nommait le point de liberté, équilibre entre les devoirs et les passions. Arrivé à ce point d’excellence, l’homme quittait enfin le cercle des voyages ou épreuves, pour prendre place dans celui du bonheur. Il n’y avait pas d’enfer, l’âme dégradée ou mauvaise retombait à une condition inférieure d’existence, plus ou moins tourmentée ; il y avait assez de supplices en évidence dans le vaste cercle de l’humanité pour dispenser d’un lieu à part pour les punitions. » (Jean Raynaud, DRUIDISME. Encyclop. nouv.)




LA CLOCHETTE D’AIRAIN.




CHAPITRE PREMIER.


Où était établi le camp de César (page 256).

À peu de distance de la ville de Saint-Nazaire, qui existe aujourd’hui. — Le pays ainsi dévasté par l’incendie comprenait presque la totalité des départements du Morbihan et de la Loire-Inférieure de nos jours.


Ainsi que l’a ordonné le chef des cent vallées (page 256).

On a justement admiré le patriotisme des Russes incendiant Moskow pour chasser et affamer l’armée française, mais il ne s’agissait que d’une seule ville ; combien plus admirable a été l’héroïque patriotisme de nos pères ! car, à cette époque, pour combattre l’invasion romaine, non-seulement la Bretagne, mais presque un tiers de la Gaule, a été livré à l’incendie par ses habitants.