Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/339

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Mais laissons parler César :

« Le chef des cent vallées convoqua les chefs des armées gauloises coalisées, et leur déclara qu’il était urgent de changer le système de guerre et d’en adopter un autre plus approprié au caractère d’une lutte nationale ; qu’il fallait affamer l’ennemi, intercepter les vivres aux hommes, le fourrage aux chevaux ; travail d’autant plus aisé que les Gaulois étaient forts en cavalerie, et que la saison les favorisait ; les Romains ne pouvaient encore fourrager au vert, il serait facile de les surprendre dans les habitations éloignées où le besoin les conduirait, et de les détruire ainsi en détail ; mais le salut commun, — ajouta le chef des cent vallées, — exige des sacrifices particuliers ; NOUS DEVONS NOUS RÉSOUDRE À BRÛLER TOUTES NOS HABITATIONS, TOUS NOS VILLAGES ET CELLES DE NOS VILLES QUI NE SAURAIENT SE DÉFENDRE, de peur qu’elles ne deviennent un refuge pour les lâches qui déserteraient notre cause, ou qu’elles ne servent à attirer l’ennemi, par l’espoir du butin : la population trouvera un refuge dans les cités éloignées du théâtre de la guerre. Ces mesures vous paraissent violentes et dures ? mais vous serait-il plus doux de voir vos femmes outragées et captives ? vos enfants chargés de chaînes, vos parents, vos amis égorgés ? vous mêmes réservés à une mort honteuse ? car voilà le sort qui vous attend si vous êtes vaincus. » (CÉSAR, De Bello Gallico, liv. VII, chap. XIV.)

«… Le chef des cent vallées fut écouté avec calme et résignation, aucun murmure ne l’interrompit, aucune objection ne s’éleva contre le douloureux sacrifice qu’il demandait ; ce fut à l’unanimité que les chefs de tribus votèrent la ruine de leur fortune, et la dispersion de leurs familles. On appliqua sans délai ce remède terrible au pays que l’on craignait de voir occuper par l’ennemi… De toute part, on n’apercevait que le feu et la fumée des incendies ; à la lueur de ces flammes, à travers ces décombres et ces cendres, l’on voyait une population innombrable se diriger vers la frontière, où l’attendaient un abri et du pain ; souffrante et morne, mais non pourtant sans consolation, puisque ces souffrances devaient amener le salut de la patrie. » (AMÉDÉE THIERRY, Hist. des Gaulois, t. III, chap. VIII, p. 103.)


CHAPITRE II.


Tor-è-benn (page 281)

Cri de guerre des Gaulois, signifiant frappe à la tête, assomme ! (LATOUR D’AUVERGNE, Origines gauloises.)


CHAPITRE III.


La Mahrek-ha-droad (page 294).

Troupe composée de cavaliers (mahrek) et de piétons (droad).

« Un certain nombre de cavaliers gaulois choisissaient un pareil nombre parmi les piétons les plus agiles et les plus courageux ; chacun d’eux veillait sur un cavalier et le suivait dans les combats ; la cavalerie se repliait sur eux si elle était en danger, et les piétons accouraient ; si un cavalier blessé tombait de cheval, le piéton le secourait et le défendait. Fallait-il s’avancer rapidement ou faire une retraite précipitée, l’exercice avait rendu ces piétons si agiles, qu’en se tenant à la crinière des chevaux, ils suivaient les cavaliers à la course. » (CÉSAR, De Bell. Gall., liv. I, chap. XLVIII.)


La trimarkisia (page 294).

« Dans ce corps de cavalerie, chaque cavalier était suivi de deux écuyers montés et équipés qui se tenaient derrière le corps d’armée ; lorsque le combat s’engageait, le cavalier était-il démonté, les écuyers lui donnaient un de leurs chevaux ; si le cheval et le cavalier étaient tués ou que le cavalier blessé fût emporté du champ de bataille par un des écuyers, l’autre occupait dans l’escadron la place du cavalier. Ce corps de cavalerie s’appelait trimarkisia, de deux mots qui, dans la langue gauloise, signifiaient trois chevaux. » (130, v. 1. Histoire des Gaulois, Amédée Thierry. — PAUSANIAS. L.  X.)