Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’ai une carabine cachée ici, et cinquante cartouches que j’ai fabriquées cette nuit.

— Si l’affaire s’engage ce soir, et c’est infaillible, nous barricaderons la rue à la hauteur de ma maison. Le poste est excellent ; nous possédons plusieurs dépôts d’armes et de poudre ; je suis allé ce matin visiter des munitions que l’on croyait éventées par les limiers de police, il n’en était rien. Au premier mouvement, revenez ici chez vous, Georges, je vous ferai prévenir, et mordieu ! ferme aux barricades ! Dites-moi. Votre grand-père est discret ?

— Je réponds de lui comme de moi, monsieur.

— Il est là dans sa chambre ?

— Oui, monsieur.

— Eh bien, laissez-moi lui causer une bonne joie.

Et M. Lebrenn entra dans la chambre du vieillard, toujours occupé à fumer sa pipe en pacha, comme il disait.

— Bon père, — lui dit le marchand de toile, — votre petit-fils est un si bon et si généreux cœur, que je lui donne ma fille, dont il est amoureux fou… Je vous demande seulement le secret pour quelques jours, après quoi vous aurez le droit d’espérer de vous voir arrière-grand-père, et moi, grand-père… Georges vous expliquera la chose. Adieu, bon père… Et vous, Georges, à tantôt.

Et laissant Georges avec le vieillard, M. Lebrenn se dirigea vers la demeure de M. le comte de Plouernel, colonel de dragons, qui attendait le marchand de toile avant midi pour s’entendre avec lui au sujet d’une grosse fourniture.