bert, qui m’a élevé, et qui parlait comme les gens de l’autre siècle.
Puis le comte reprit tout haut :
— Mais, parbleu, j’y pense : il faut que je fasse une surprise à la chère madame Lebrenn.
— Monsieur, elle est votre servante.
— Figurez-vous que j’ai le projet de donner prochainement dans la grande cour de ma caserne un carrousel, où mes dragons feront toutes sortes d’exercices d’équitation : il faut me promettre de venir, un dimanche, assister à une répétition avec la chère madame Lebrenn ; et en sortant de là, accepter sans façon, une petite collation.
— Ah ! monsieur, c’est trop d’honneur pour nous…… Je suis confus…
— Allons donc, mon cher, vous plaisantez. Est-ce convenu ?
— Je pourrai amener mon garçon ?
— Parbleu !…
— Et ma fille aussi ?
— Pouvez-vous, cher monsieur Lebrenn, me faire une pareille question ?…
— Vrai, monsieur ? vous ne trouverez point mauvais que ma fille ?…
— Mieux que cela… une idée, mon cher, une excellente idée !
— Voyons, monsieur.
— Vous avez entendu parler des anciens tournois ?
— Des tournois ?…
— Oui, du temps de la chevalerie.
— Faites excuses, monsieur ; de bonnes gens comme nous…
— Eh bien, cher monsieur Lebrenn, au temps de la chevalerie il y avait des tournois, et dans ces tournois plusieurs de mes ancêtres, que vous voyez là, — et il montra les portraits, — ont autrefois combattu.
— Ouais !!! — fit le marchand, feignant la surprise et suivant du regard le geste du colonel, — ce sont là messieurs vos ancêtres ?…