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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/83

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— Trédame ! C’était pourtant bien commode, monsieur !

— Parbleu !

— Si je vous comprends, monsieur, le roi, les prêtres, les seigneurs, disaient : Faites… et l’on faisait ?

— C’est cela même.

— Payez… et l’on payait ?

— Justement.

— Allez… et on allait ?

— Eh ! mon Dieu ! oui !

— Enfin, tout comme à l’exercice : à droite, à gauche ! en avant ! halte !… On n’avait point le souci de vouloir ceci ou cela ; le roi, les seigneurs et le clergé se donnaient la peine de vouloir pour vous… et l’on a changé cela, et l’on a changé cela !!!…

— Heureusement il ne faut désespérer de rien, cher monsieur Lebrenn.

— Que le bon Dieu vous entende ! — dit le marchand en se levant et saluant. — Monsieur, je suis votre serviteur.

— Ah çà, à dimanche… pour le carrousel, mon cher… vous viendrez… en famille… c’est convenu.

— Certainement, monsieur, certainement… ma fille ne manquera point à la fête… puisqu’elle doit être la reine de… de ?…

— Reine de beauté, mon cher ! ce n’est pas moi qui lui assigne ce rôle… C’est la nature !

— Ah ! monsieur, si vous le permettiez !…

— Quoi donc ?

— Ce que vous venez de dire là de si galant pour ma fille ? je le lui répéterais de votre part ?

— Comment donc, mon cher ! non-seulement je vous y autorise, mais je vous en prie ; j’irai d’ailleurs rappeler, sans façon, mon invitation à la chère madame Lebrenn et à sa charmante fille.

— Ah ! monsieur… les pauvres femmes… elles seront si flattées