Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 1.djvu/95

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meure de M. Lebrenn en particulier, comme des lieux calmes et pacifiques par excellence.


Soudain Gildas se retourna et dit à madame Lebrenn d’une voix alarmée : 


— Madame ! madame ! entendez-vous ? 


— Quoi, Gildas ? — demanda la femme du marchand en continuant d’écrire tranquillement.

— Mais, madame, c’est le tambour… tenez… Et puis… ah ! mon Dieu !… il y a des hommes qui courent ! 


— Eh bien, Gildas, — dit madame Lebrenn, — laissez-les courir.

— Ma mère, c’est le rappel, — dit Velléda après avoir un instant écouté. — On craint sans doute que l’agitation qui règne dans Paris depuis hier n’augmente encore ?

— Jeanike, — dit madame Lebrenn à sa servante, — il faut préparer l’uniforme de monsieur Lebrenn ; il le demandera peut-être à son retour.


— Oui, madame… j’y vais, — dit Jeanike en disparaissant par l’arrière-boutique.


— Gildas, — reprit madame Lebrenn, — vous pouvez apercevoir d’ici la porte Saint-Denis ?

— Oui, madame, répondit Gildas en tremblant ; — est-ce qu’il faudrait y aller ? 


— Non… rassurez-vous ; dites-nous seulement s’il y a beaucoup de monde rassemblé de ce côté.


— Oh ! oui, madame, — répondit Gildas en allongeant le cou ; — c’est une vraie fourmilière… Ah ! mon Dieu ! madame… madame… Ah ! mon Dieu !…

— Allons ! quoi encore… Gildas ?

— Ah ! madame… là-bas… les tambours… ils allaient détourner la rue…

— Eh bien ?

— Des hommes en blouse viennent de les arrêter et de crever