Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/313

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jourd’hui, je ne parle pas à vous comme un roi et un maître parle à ses sujets et à ses serviteurs, mais je parle comme étant moi-même sujet et serviteur du roi des rois, du maître des maîtres, qui est le Seigneur Dieu tout-puissant.

» Aucuns méchants blasphémateurs, gens de petite condition et de moindre doctrine, ont, contre l’honneur du Saint-Sacrement, machiné, dit, proféré, écrit plusieurs grands blasphèmes ; à cette cause, j’ai bien voulu faire cette solennelle procession, pour invoquer la grâce de notre Rédempteur. J’ordonne que rigoureuse punition soit faite des hérétiques, pour être exemple à tous de ne tomber en ces damnées opinions, admonestant à ce propos les bons de persévérer dans leurs saines doctrines, les hésitants de se raffermir, les dévoyés de retourner en la voie de la sainte foi catholique, en laquelle ils me voient persévérer avec les prélats spirituels.

» Donc, messieurs, je vous prie et admoneste : que tous mes sujets prennent garde, non-seulement à eux-mêmes, mais encore à leur famille, et spécialement à leurs enfants, pour les faire si bien instruire, qu’ils ne puissent tomber en mauvaises doctrines ; aussi, je vous ordonne que chacun ait à dénoncer tous ceux qu’il connaîtrait ou soupçonnerait d’adhérer à l’hérésie, sans nul égard d’alliance, de lignage ou d’amitié. Quant à moi, — ajouta François Ier d’une voix de plus en plus éclatante, — quant à moi, de même que si j’avais un bras infecté de pourriture je le voudrais séparer de mon corps, de même si, par malheur, mes enfants tombaient en ces maudites et exécrables hérésies, je les voudrais immoler et en faire le sacrifice à Dieu[1]. »

L’avez-vous entendu, fils de Joel, cet adultère, ce débauché gangrené d’une maladie honteuse, digne fruit de ses crapuleux désordres ? ce père, ce roi, donnant à ses fils, à ses peuples, les exemples

  1. Exhortation faite par le roy de France contre les hérétiques. — Jean Boucher, Poitiers, 1557, in-fol., p. 272.