Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/88

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sions exécrables dont la seule pensée est un forfait ! Le pape de Rome n’absout-il pas pour l’éternité, en retour de quelques écus, le parricide et l’inceste ?… et s’il a la foi, l’incestueux, le parricide, se sait, se sent à jamais absous !… Oh ! du moins, à l’honneur du sentiment religieux, don divin, quel que soit son dogme, des prêtres catholiques eux-mêmes, de principes austères, malgré leur intolérance, ont, en ces temps maudits, répudié avec indignation ces idolâtries monstrueuses, inconnues du paganisme antique et du fétichisme le plus sauvage !… Non, non, Christ, ton céleste Évangile a été, est et sera l’éclatante condamnation de ces horreurs commises en ton nom révéré ! Ils le blasphèment, ton nom sacré, ces pénitenciers qui occupent les confessionnaux armoriés du blason pontifical ; ces nouveaux vendeurs du temple osent vendre, à prix d’argent, des lettres de salut !… Hélas ! après quelques mots échangés avec fra‑Girard, l’un des premiers Hervé alla s’agenouiller dans l’ombre de l’un des confessionnaux : il y resta peu de temps ; mais ceux qui se trouvaient près de là entendirent le pénitencier pousser une exclamation de stupeur, puis, après un assez long silence entrecoupé par les sanglots étouffés du pénitent, le tintement de l’or qu’il comptait au prêtre siégeant au fond du confessionnal, annonça la fin de l’entretien absolutoire, et bientôt Hervé sortit du tribunal de la pénitence tenant un parchemin qu’il serrait d’une main convulsive ; puis, fendant la foule compacte, toujours suivi de fra‑Girard, il se retira dans l’une des chapelles latérales à la nef, et, s’agenouillant devant une statue de la Vierge éclairée par la lampe de ce sanctuaire, Hervé lut la lettre d’absolution qu’il venait d’acheter avec l’or volé à son père. Tels étaient les termes de cette lettre :

« Que Notre-Seigneur Jésus-Christ ait pitié de toi (le nom demeurait en blanc et devait être rempli par le possesseur de la lettre), qu’il t’absolve par les mérites de sa très-sainte Passion ! Et moi, en vertu de la puissance apostolique qui m’a été confiée, je t’absous de toutes les censures ecclésiastiques, jugements et peines que tu