Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 10.djvu/91

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par le bras, sortit avec lui de l’église, et, au moment de le quitter, lui dit :

— Tu es entré dans la voie du salut, tu as maintenant une foi éprouvée… hésiteras-tu longtemps encore à te ranger parmi les militants qui prêchent et font triompher cette foi, dont tu as toi-même aujourd’hui reconnu l’efficacité miraculeuse ?

— Ne me parle pas de ceci maintenant… mes pensées sont ailleurs…

— Soit ; mais, Hervé, rappelle-toi toujours ce que je t’ai dit souvent, et ce que ta modestie oublie trop : ton intelligence est grande, ton érudition remarquable, le ciel t’a départi le don précieux d’une éloquence persuasive ; les ordres monastiques, et surtout celui auquel j’appartiens, je l’avoue humblement, se recrutent difficilement de jeunes gens dont l’avenir donne de brillantes espérances… c’est te dire de quel prix serait pour nous ton entrée dans notre ordre, tu pourrais y faire un chemin rapide, éclatant… Mais je me tais, tu m’écoutes à peine ; nous reprendrons cet entretien… Où vas-tu de ce pas ?

— Rejoindre mon père à l’imprimerie de M. Robert Estienne.

— Sois prudent…

— Ne crains rien… J’ai un moyen assuré de rentrer en grâce auprès de ma famille ; ce moyen, je l’emploierai dès aujourd’hui, il le faut…

— Quand te reverrai-je ?

— Après-demain, c’est jour de fête ; nous passerons la journée ensemble.

— Donc, à après-demain.

— Girard, — reprit Hervé d’une voix légèrement altérée, après un moment de réflexion, — je ne sais ce qui peut, d’ici à peu de jours, arriver… puis-je, en tout cas, compter sur un refuge auprès de toi ?

— À quelque heure du jour ou de la nuit que ce soit, tu peux