Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/120

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impitoyables représailles dont le franc-taupin vient encore d’ensanglanter ses mains, lui dit vivement : — À quel âge la fille d’Odelin a-t-elle été enlevée à sa famille ?

le franc-taupin, surpris. — Elle avait huit ans… Il y a dix ans de cela.

frantz de gerolstein. — Ne portait-elle rien sur elle qui pût la faire reconnaître un jour ? 


le franc-taupin, soupirant. — Elle portait au cou une médaille de l’Église du désert, ainsi que tous les enfants protestants… J’avais donné cette médaille à sa mère le jour de la naissance de la pauvre petite créature, aussi regrettée à cette heure par nous, ses parents, que si nous l’avions perdue hier…

frantz de gerolstein, montrant au franc-taupin la médaille qu’Anna-Bell vient de lui remettre. — Reconnaissez vous cette médaille ?

le franc-taupin. — Elle est en tout semblable à celle que j’avais donnée à la femme d’Odelin pour son enfant.

frantz de gerolstein, désignant Anna-Bell. — Joséphin, cette jeune fille a été enlevée, il y a dix ans, à sa famille… elle habitait La Rochelle… son père était armurier… elle portait au cou cette médaille…

le franc-taupin, frappé de stupeur. — Qu’entends-je ?…

frantz de gerolstein. — J’en jure Dieu, ma foi et mon honneur ! cette jeune fille est innocente du crime dont on l’accuse !… C’est la fille d’Odelin Lebrenn.

le franc-taupin examine Anna-Bell avec un trouble croissant. — Plus de doute, c’est la fille d’Odelin… voilà donc pourquoi elle m’avait tout d’abord frappé par sa vague ressemblance, par son air de famille avec Hêna…

anna-bell oublie l’effroi que lui a inspiré le franc-taupin et s’écrie. — Monsieur ! vous connaissez mes parents !… De grâce, où sont-ils ?…