Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liées entre elles pour ce qui touche les intérêts généraux de l’union, ainsi que la république des cantons suisses, offre seule des garanties réelles à la liberté ! Aucun canton ne saurait asservir les autres !

— Et maintenant, — reprend Antonicq Lebrenn, — admirez avec quelle profondeur Estienne de la Boétie retrace le châtiment intérieur du tyran et les hideuses conséquences de la tyrannie :

« …… Dès qu’un roi s’est déclaré tyran, toute la lie du royaume, je ne dis pas seulement un tas de larronneaux et d’essorillés, mais tous ceux qui sont mus par une ardente ambition et une notable avarice, s’amassent autour du tyran, le soutiennent pour avoir part au butin et, être, sous le grand tyran, tyranneaux eux-mêmes. Ainsi font les grands voleurs et les fameux corsaires : les uns découvrent le pays, les autres dévalisent les voyageurs ; les uns sont en embuscade, les autres au guet ; les uns massacrent, les autres dépouillent… » (Pages 129-130.)

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« …… Voilà pourquoi le tyran n’est jamais aimé ni n’aime. L’amitié est don sacré, chose sainte ! elle n’existe jamais qu’entre gens de bien, ne se prend que par une mutuelle estime ; elle s’entretient, non tant par bienfaits que par la bonne vie. Ce qui rend un ami assuré de l’autre, c’est la connaissance qu’il a de son intégrité ; les répondants qu’il en a, c’est son bon naturel, la foi, la constance ! Mais il ne peut exister d’amitié là où est la cruauté, la déloyauté, l’injustice ! Entre les méchants, quand ils s’assemblent, c’est complot… non compagnie ! ils ne s’entre-soutiennent pas, ils s’entre-craignent ! ils ne sont pas amis… mais complices !… » (Page 142.)

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Voilà pourquoi il y a bien (ce dit-on), entre les voleurs, quelque foi au partage du butin, pour ce qu’ils sont pairs et compagnons et qu’ils ne veulent pas, en se désunissant, rendre la force moindre. » (Page 143.)