Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/210

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«… Là commencent les châtiments des tyrans ; et lorsqu’ils sont morts, leur nom exécré est noirci de l’encre de mille plumes, leur réputation déchirée, leurs os même traînés aux gémonies par la postérité, les punissent de leur méchante vie ! Apprenons donc à bien faire, levons les yeux vers le ciel, demandons-lui l’amour de la vertu ! Quant à moi, je pense bien qu’il n’est rien de si contraire à Dieu que la tyrannie, et qu’il réserve pour les tyrans quelque peine particulière. » (Pages 147-149.)

— Ah ! mes enfants ! — dit la veuve d’Odelin, — ce livre où respirent la haine de la tyrannie, une généreuse indignation contre les lâches, qui feraient douter de la justice divine en subissant si allègrement l’iniquité ; ce livre où sont écrits à chaque page l’amour du bien, l’exécration du mal, ce livre devrait être mis aux mains des adolescents arrivés à l’âge de raison… il serait pour leur âme une nourriture salubre et forte ; ils y puiseraient dès leur jeune âge une sainte horreur de cette lâche et aveugle servitude volontaire, et tous, au nom du droit, de la dignité, du juste, de l’honnête, se soulèveraient contre un, selon le titre de ces pages sublimes !

— Ma tante, — dit timidement Cornélie, — ce livre ne devrait-il pas être aussi celui des jeunes filles en âge de raison ? Elles deviennent épouses et mères. Ne faut-il pas qu’elles soient aussi nourries dans l’amour du juste et dans l’horreur de la tyrannie, afin de pouvoir élever leurs enfants dans ces mâles principes, et partager les dévouements, les dangers de leurs époux, lorsque vient l’heure des sacrifices et du combat ?

Cornélie était si belle en prononçant ces viriles et patriotiques paroles, que tous les membres de la famille Lebrenn tournèrent les yeux vers la jeune fille avec émotion.

— Oh ! ma vaillante fiancée ! — dit Antonicq se levant et prenant entre ses mains celles de Cornélie dans un élan d’amour et d’enthousiasme, — que d’orgueil m’inspire ton amour ! quels généreux