Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/248

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vinage, chargés de veiller à la défense de la ville, déploient une incroyable activité. L’on a établi un conseil militaire, dont fait partie le colonel de Plouernel et mon grand-oncle le franc-taupin, très-expert en ce qui touche les travaux de siège, et surtout les mines et les contre-mines ; le conseil militaire augmente les fortifications ; de nouvelles batteries sont établies sur tous les points faibles du front attaquable, depuis la porte de Congues jusqu’au bastion de l’Évangile ; on élève une redoute sur les ruines de l’église Notre-Dame, et sur l’une de ses tours, restée debout, on guinde deux gros canons battant au loin la campagne ; d’autres bombardes sont mises en batterie sur les plates-formes de tous les clochers capables de supporter le poids et l’ébranlement de cette artillerie : les tours d’Aix, de Sainte-Catherine, de la Verdière et du Crique, sont ainsi armées. Le franc-taupin, remarquant que certaines parties du fossé entre les boulevards de Congues et de l’Évangile sont mal-flanquées, propose d’y construire ce qu’il appelle, en son langage, des taupinières ou casemates, dont les embrasures, abritées, sont au niveau du sol et peuvent ouvrir sur l’ennemi un feu terrible et pour ainsi dire souterrain ; ces casemates sont construites. Hommes, femmes, enfants, travaillent aux fortifications avec un enthousiasme indicible.

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3 novembre 1572. — Hier a été prise une résolution héroïque, rappelant celle dont nos aïeux Albinick-le-Marin et sa femme Méroë ont été témoins, alors que les Bretons, afin d’affamer l’armée de Jules César, ruinèrent, par l’incendie, leur pays, alors si riche, si fertile, et qui devint ainsi un désert depuis Nantes jusqu’à Vannes !… Oui, hier, par ordre du maire de La Rochelle, toutes les maisons du faubourg Saint-Éloi, des quartiers des Salines, des Volliers et de Patère, ont été démolies ou brûlées par leurs possesseurs ; l’on ne veut laisser à l’ennemi aucun couvert pour s’approcher de la place, et rendre ainsi cet investissement plus périlleux.

8 novembre 1572. — Aujourd’hui, l’armée catholique, comman-