Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/321

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’hérésie de la France et des Pays-Bas ; — d’exclure du trône de France les princes hérétiques ou qui accorderaient l’impunité aux hérétiques ; — et à poursuivre à outrance, et jusqu’à les anéantir, ceux qui refuseraient de rentrer dans le sein de l’Église. — En cas de mort de Henri III, le cardinal de Bourbon, son successeur, s’engageait à abandonner à Philippe II le monopole de la navigation des Indes, d’aider l’Espagne à recouvrer Cambrai et de lui abandonner certaines provinces du midi de la France. »

Le père Matthieu, jésuite lyonnais, surnommé le Courrier de la Ligue, fut chargé d’aller à Rome, demander au pape son adhésion à ce traité. Le révérend père, à son retour d’Italie, annonça au duc de Guise que : « Grégoire XIII, après en avoir conféré avec son ministre et le général des jésuites, autorisait la prise d’armes contre les hérétiques, avec ou sans la permission du roi, levant tout scrupule de conscience à cet égard, accordant indulgence plénière pour cette œuvre sainte (l’extermination des huguenots), et aussitôt après, le Saint-Père proclamerait le roi de Navarre et le prince de Condé incapables de succéder au trône. — Le pape ne trouvait point expédient et opportun que l’on attentât aux jours du roi ; mais si l’on pouvait se saisir de sa personne royale et lui donner un guide qui le tînt fermement en bride, le Saint-Père trouverait cela fort bon[1]. »

Il résulte de la réponse du pape, que le père Matthieu, avait eu mission d’insinuer benoîtement au vicaire de Christ qu’il serait bon d’assassiner Henri III ; mais le représentant de Dieu sur la terre ne trouva point opportun l’expédient des jésuites. Il résulte encore de la négociation du révérend, que la compagnie de Jésus, dont le général inspirait et dominait le pape, Philippe II et la Ligue, voulait le démembrement de la France et son amoindrissement au profit de l’Espagne, où les fils de Loyola régnaient en maîtres. Ainsi, la Ligue, per-

  1. Mémoires du duc de Nevers. — Lettre du révérend père Matthieu, t. I, p. 655.