pêche tous les huguenots, lorsque, me voyant, il m’a crié : « — Quartier ! — Qui es-tu ? — lui ai-je demandé. — Serviteur de M. l’amiral, — m’a-t-il répondu. » — Alors, subitement, j’ai songé au parti que l’on pouvait tirer de cet homme ; et comptant déjà me l’attacher par la reconnaissance, je lui ai accordé la vie sauve… Puis sont venues les propositions dont monseigneur instruit Votre Majesté.
— S’il les a tout d’abord acceptées, — dit la reine en hochant la tête, — il faudrait se méfier de ce garçon !
— Il a, madame, au contraire, longtemps hésité… mais l’énormité de la somme promise l’a décidé… Monseigneur lui a remis certaine poudre dont il lui a indiqué l’usage.
— J’y songe ! Comment notre homme expliquera-t-il son retour au camp des hérétiques ?
— Très-naturellement, madame. Il dira que, fait prisonnier par nous, il a réussi à s’échapper ; l’amiral ne saurait concevoir aucune défiance de ce serviteur, élevé dans sa maison…
— Ah ! j’ose à peine espérer !… ce serait, pour le salut de notre sainte Église et du royaume, trop de succès en moins d’un mois !… Le duc des Deux-Ponts… Condé… Dandelot… et par surcroît Coligny !… Mais, notre homme… quand doit-il aller rejoindre les huguenots ?
— Cette nuit même, madame.
— Ainsi, demain ?
— S’il plaît à Dieu, madame !…
— Ah ! que je voudrais être à demain !… — murmura d’une voix sourde Catherine de Médicis, au moment où le même page, se présentant de nouveau à la porte, dit à la reine :
— Madame, M. de Gondi et un autre cavalier descendent de cheval.
— Fais entrer Gondi, — dit l’Italienne ; et s’adressant au comte de La Rivière : — Allez vous reposer, monsieur, vous partirez au