Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/85

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— Peu importe d’où je tiens ceci… lisez… lisez…

Le jésuite poursuit ainsi sa lecture :

— « Premièrement, afin que la chose soit conduite par plus grande autorité, on est d’avis de donner la superintendance de toute l’affaire au roi très-catholique des Espagnes, Philippe II, qui serait le conducteur de l’entreprise. Il querellera le roi de Navarre sur l’appui qu’il prête à la nouvelle religion, et si ledit Navarrais se montre difficile, ledit roi Philippe II essayera de l’attirer en lui promettant la restitution de la Navarre, ou quelque autre grand profit ou émolument, l’adoucira ainsi, afin de l’attirer à conspirer contre la secte hérétique ; s’il résiste, le roi Philippe II fera quelques levées en Espagne, prendra le Navarrais à l’imprévu, l’opprimera facilement, le duc de Guise, se déclarant alors chef de la confession catholique, fera de son côté amas de gendarmes, et ainsi serré de deux côtés, le Navarrais tombera aisément en proie. »

— Vous le voyez, mon révérend… ce n’est pas d’hier que les Guisards machinent contre notre couronne. Ce pacte remonte à l’an 1561 ; il y a huit ans de cela… et déjà François de Guise se déclarait chef de la confession catholique, sous la protection du roi d’Espagne ; mais de moi, régente… mais de mon fils, roi de France, quoique mineur, pas un mot !… Continuez…

Le jésuite continue de lire :

— « L’empereur d’Allemagne et autres princes encore catholiques boucheront les passages qui vont en France pendant la guerre qui s’y fera, de peur que les princes protestants ne secourent les Navarrais et que les cantons suisses ne bougent. Il faut pour cela que les si cantons catholiques déclarent la guerre aux autres, et que le pape aide de tant de forces qu’il pourra lesdits cantons catholiques, et qu’il leur baille sous main argent et autres choses nécessaires au soutènement de la guerre.

» Le duc de Savoie, pendant que la guerre troublera ainsi la France et la Suisse, se ruera à l’imprévu sur Genève et Lausanne,