Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 11.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Peut-être… — Puis, s’interrompant soudain et prêtant l’oreille du côté d’une petite porte communiquant dans la salle, Catherine de Médicis ajoute : — N’avez-vous rien entendu de ce côté, mon révérend ?

— Non, madame.

— Il me semble cependant qu’il s’est fait là quelque bruit ; allez ouvrir cette porte, je vous prie.

Le jésuite entrebâille la porte, regarde au dehors et dit à la reine : — Madame, je ne vois personne dans ce couloir obscur.

— Je me serai trompée ; c’est sans doute le sifflement du vent que j’aurai entendu, — répond l’Italienne, tandis que le père Lefèvre revient près d’elle.

— Madame, puisqu’il est question de personnes dangereuses, — dit le jésuite, — je vous prierai de signaler particulièrement aux généraux du roi certain hérétique forcené nommé Odelin Lebrenn ; son fils et lui, armuriers de leur état, sont volontaires, dans l’armée de l’amiral. Il serait opportun de les épargner si l’un ou l’autre, ou tous deux, tombaient entre les mains des catholiques…

— Quoi ! les épargner ?

— Oh ! provisoirement, et…

— Ce sont là, mon révérend, des détails dont je ne saurais m’occuper ; vous vous entendrez à ce sujet avec M. Neroweg de Plouernel, chef de mon escorte.

— La Providence, madame, me sert à souhait ; je ne pourrais mieux m’adresser qu’à M. Neroweg de Plouernel pour cette petite affaire.

— Revenons aux grandes, mon révérend. Il me reste à vous toucher deux mots du cardinal de Lorraine ; il a voulu, ce soir, me donner à croire que M. de Tavannes, commandant l’armée de mon fils d’Anjou, traitait secrètement avec M. de Coligny.

— Dans quel but, madame ?

— M. de Coligny offrirait à mon fils la souveraineté des Pays-Bas,