Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/238

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d’un bâtiment neutre en partance pour le Havre, où nous sommes débarqués sans encombre.

— Et du Havre, nous sommes partis pour Versailles… puisqu’il nous fallait renoncer au voyage d’Angleterre, ma nièce se rebellant outrageusement contre ce voyage, et sa santé étant d’ailleurs si profondément altérée par suite des terribles événements de La Haye qu’elle nous a donné de vives inquiétudes durant le trajet du Havre à Versailles.

— Sans doute, mais lorsqu’en arrivant vous avez mandé M. Fagon premier médecin de Sa Majesté, que vous a-t-il dit, M. Fagon, touchant la maladie de Berthe ?

— Malgré sa science, il ne comprenait rien à cette maladie dont il ne pouvait pénétrer les causes. Aussi, malgré ses soins assidus, malgré les ressources de son art, ma nièce a été, durant longtemps, entre la vie et la mort, minée par une fièvre lente, ayant à peine sa connaissance et dépérissant à ce point qu’elle n’était plus que l’ombre d’elle-même… Enfin, nous la croyions au moment de trépasser lorsqu’une crise inattendue, mais salutaire et non moins inexplicable que sa maladie, selon M. Fagon, a rendu Berthe à la santé… Cette lente convalescence a duré plus de six mois… et au printemps de cette année-ci, M. Fagon nous a conseillé d’envoyer Berthe en Bretagne, nous assurant que l’air natal achèverait sa guérison… je ne voulais point, à cette époque, non plus que mon neveu, quitter la cour ; vous savez pourquoi… Nous avons donc envoyé Berthe à Plouernel, accompagnée d’un écuyer de son frère, de deux de mes femmes et de cette vieille Marion, autrefois nourrice de ma nièce (laquelle Marion, par parenthèse, m’inspire une singulière aversion). Enfin, lors de notre arrivée ici, nous avons trouvé Berthe en assez bonne santé…

— Il est vrai… nous sommes rassurés sur l’état physique de votre nièce, ma chère marquise… mais… et c’est là le point important… que pensez-vous de son état moral ?