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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/59

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impitoyable aux prisonniers que le fut jadis celle de Charles IX ! Le lâche, le cruel Louis XIII se divertissait à regarder, du haut d’une fenêtre, les blessés huguenots, laissés sans eau, malgré la chaleur caniculaire ; les mouches dévoraient les plaies de ces malheureux, et Louis XIII contrefaisait les tressaillements, les convulsions de ceux qui expiraient au milieu de ces tortures. Ayant un jour envoyé l’un de ses officiers demander des nouvelles de M. de La Roche-Guyon, alors mourant, celui-ci lui répondit : « — Dites au roi que je commencerai bientôt mes dernières grimaces ; je l’ai souvent aidé à contrefaire celles des huguenots mourants, je vais avoir mon tour. » — Enfin, après une résistance héroïque, prolongée près d’une année durant !… les rues s’encombrant de cadavres que les survivants, mourants eux-mêmes, n’avaient pas la force d’ensevelir, et qui mettaient la peste dans la ville, le maire Guiton crut pouvoir écouter sans déshonneur pour les Rochelois les propositions de Richelieu. Les envoyés protestants furent amenés au camp royal, dans les carrosses du duc de Bassompierre : leur épuisement ne leur permettait pas de marcher. Le cardinal, en leur présence, le 23 octobre 1628, écrivit de sa main cette promesse : « — L’on assure la vie aux habitants, — la jouissance de leurs biens, — le pardon de leur crime, — et le libre exercice de leur religion, dans une certaine mesure. » — Les troupes royales entrèrent dans la ville. Le temple protestant devint une église catholique ; La Rochelle, le siège d’un évêché. Les fortifications de la ville furent rasées ; — défense faite à tout habitant de détenir aucune arme ou munition de guerre. — Les huguenots, vaincus, mais non soumis, inébranlables dans leur foi religieuse et républicaine, attendirent des jours meilleurs et se préparèrent secrètement à lutter de nouveau pour la revendication de leurs droits.

En 1630, la guerre continue avec succès dans le duché de Savoie et contre l’Espagne ; Richelieu atteignait son but dans cette campagne : il assurait temporairement la suprématie militaire de la France sur l’Empire et sur l’Espagne, relevait notre influence en