Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/108

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celui de nos privilèges comparé à la grandeur de notre cause. Un dernier mot : interrogez-vous… réfléchissez en ce moment solennel où vous allez être complètement initiée… Il est temps encore de renoncer à vous lier à nous… Je sais pouvoir compter sur votre parole… Ce que vous possédez de nos secrets restera enseveli au fond de votre âme…

— Frantz… après trois mois d’épreuves, me croyez-vous capable de faiblir à cette heure !…

— Non… mais songez aux engagements sacrés… peut-être redoutables, que vous allez prendre.

— Quels qu’ils soient, je serai à leur hauteur par la foi, par le courage, par le dévouement, par l’abnégation.

— J’ajouterai enfin que j’ai voulu aujourd’hui vous révéler nos liens de famille afin de pouvoir vous faire accepter sans embarras, ainsi qu’il en doit être entre parents, les moyens de subvenir désormais à votre existence… dans le cas où vous ne donneriez pas suite à votre dessein.

— J’accepterais de vous, Frantz, un service sans rougir, mais plus que jamais, je suis résolue de me vouer à votre cause, si vous me croyez toujours digne de la servir.

— Je ne vous parlerai pas de périls à affronter… vous êtes vaillante entre toutes ; mais, ne l’oubliez pas… il faudra vous résigner à une complète abnégation de vous-même.

— J’abandonne d’avance à la cause, mon esprit, mon âme et ma vie.

— Vous serez un instrument, non pas aveugle, mais à la fois intelligent et passif ; les Voyants sont obligés d’employer pour la délivrance, la régénération et le bonheur de l’humanité, quelques-uns des puissants moyens d’action employés par la compagnie de Jésus pour hébéter, asservir les hommes… Le fer, selon l’usage que l’on en fait, sert de poignard à l’assassin, ou de glaive au citoyen qui défend la patrie.