Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/107

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— Le moindre doute de votre part à ce sujet, Victoria… serait pour moi… une cruelle injure…

— Excusez-moi, Frantz… si je vous ai blessé… pardon… pardon… — Et elle reprend avec effort : — Ainsi… le niveau… cet inflexible emblème.

— Est le nôtre…

— Le vôtre, monseigneur… le vôtre, à vous, fils d’un souverain ?

— Oui.

— Quoique vous soyez fils d’un souverain ?

— Parce que je suis fils d’un souverain.

— Frantz, je reste confondue.

— Écoutez-moi, Victoria, — reprend le prince d’une voix douce et grave après un nouveau silence : — Vous avez, pauvre femme, pendant une année subi les rigueurs, les souffrances, les hontes de la prison…

— J’ai souffert sans me plaindre…

— Je connais votre courage… Mais dites-moi, Victoria… qui de vous… ou d’une personne complètement étrangère aux horreurs de la prison les connaît mieux, les hait davantage ?

Victoria reste pensive, puis :

— Je comprends votre pensée, Frantz !!

— Et vous ne vous étonnez plus de ce que moi… de race souveraine et d’origine plébéienne comme la vôtre… puisque le berceau de notre famille est le même, je prenne le niveau pour symbole ?

— Je ne m’étonne plus, Frantz… mais à l’étonnement succède en moi l’admiration la plus ineffable qu’une créature de Dieu puisse éprouver pour son semblable… — murmure la jeune femme avec un accent d’enthousiasme indicible ; et les yeux pleins de larmes, ployant les genoux devant Frantz de Gerolstein, elle lui baise la main avec une admiration passionnée.

— Relevez-vous, Victoria, — dit le prince ému, — ma conduite ne mérite pas votre admiration… C’est un si mince sacrifice que