Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/112

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sous des tentures rouges ; au fond est élevée une estrade supportant un dais fermé de rideaux ; sur le frontail de ce dais est figuré un niveau. À quelques pas de l’estrade l’on voit, sur une table recouverte d’un tapis, une couronne royale, un sceptre, une tiare pontificale, une crosse d’évêque, des colliers d’ordres de chevalerie, des couronnes princières et ducales, ces ornements étincelants de pierreries ; et non loin d’eux, sont entassés des sacs à demi ouverts remplis d’or et d’argent.

Sept hommes masqués, vêtus de longues robes, se tiennent derrière cette table, debout, silencieux, les bras croisés sur leur poitrine.

Victoria, malgré la fermeté de son caractère viril, se sent profondément impressionnée du spectacle étrange dont ses yeux sont frappés, bien qu’elle doive y être préparée à la suite de son initiation par Frantz de Gerolstein ; puis, sa pensée remontant à travers les âges, elle se rappelle que son aïeul Sylvest, l’esclave gaulois sous la conquête romaine, était affilié, lui aussi, à une société mystérieuse, celle des Enfants du gui, fondée pour combattre et renverser la domination étrangère…

Les réflexions de la jeune femme sont interrompues par la voix de celui des affiliés qui préside à la réception de l’initié. Il est debout derrière la table, chargée des emblèmes de la religion, de la royauté, de l’aristocratie et de la richesse. Il a trois Voyants à sa droite, trois Voyants à sa gauche, et s’adressant à Victoria, auprès de qui se tient Frantz de Gerolstein :

— Femme, quel âge as-tu ?

— Quinze siècles et plus ?

— Quand donc es-tu née ?

— Je suis née le premier jour de l’esclavage et de la misère de mes frères.

— Qui es-tu ?

— La tradition séculaire de leur oppression, de leur infortune.

— Que veux-tu ?