Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/51

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provinces, des séditions éclatent en vingt villes à la fois et sont réprimées par la force. Le sang coule, une perturbation incalculable est jetée dans les intérêts privés ; le crédit, l’industrie, sont pour longtemps paralysés, la ruine, la misère générale, engendrent alors une mendicité qui prend des proportions effroyables. Pâris Duverney essaye d’arrêter les progrès de cette calamité en réglementant (1725) la situation des mendiants et des vagabonds à l’imitation de l’Angleterre ; dans chaque province, un asile devait être destiné aux indigents, un hôpital serait ouvert aux malades, un atelier recevrait les artisans sans travail, une prison détiendrait les vagabonds volontaires. L’intention qui dictait ces mesures était bonne ; mais leur application exigeait surtout d’immenses ressources pécuniaires afin de subvenir à la construction de tant d’établissements hospitaliers dans les provinces ; la pénurie des finances ne permettait pas de réaliser ces dispendieux projets. Cependant Pâris Duverney, impatient de voir se réaliser son système, ordonna son exécution immédiate. Les pauvres, les mendiants, les artisans sans travail furent entassés dans l’étroite enceinte des hospices. « — Nourrissez-les au pain et à l’eau et couchez-les sur la paille ; ils tiendront moins de place. » — écrivait le contrôleur général Dodun, exécuteur impitoyable des volontés de Pâris Duverney. — De fréquentes révoltes éclatèrent dans les hospices ; les mendiants affamés s’échappaient de ces prisons sépulcrales où la faim, les maladies les décimaient ; alors, pour retenir par la terreur ceux qui tenteraient de s’évader désormais, on marqua d’un fer chaud les fugitifs. Malgré ces violences, les mesures de Pâris Duverney furent impuissantes à arrêter le flot du paupérisme, il alla toujours progressant, ainsi que la détresse publique.

Les persécutions contre les protestants s’étaient quelque peu ralenties après la mort du cardinal Dubois ; mais un commensal des orgies du régent, un prêtre indigne, Thessan, évêque de Nantes, ayant vu Dubois conquérir le chapeau rouge par son acharnement