Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/54

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brûler ceux qui payeraient le nouvel impôt. L’abbé Fleury profite des alarmes causées à la cour par l’effervescence des esprits, il décide Louis XV, sur lequel il conservait une grande influence, à destituer le duc de Bourbon de ses fonctions de premier ministre. Celui-ci, le 20 juin 1726, est exilé à Chantilly. Madame de Prie, envoyée dans ses terres en Normandie, finit ses jours par le poison, ne pouvant survivre à la perte de l’influence souveraine qu’elle devait à sa liaison avec le duc de Bourbon. L’abbé Fleury, devenu cardinal et nommé premier ministre, s’empresse de confirmer les exorbitants privilèges du clergé en rappelant, dans l’exposé d’un arrêt du 8 octobre 1726, cette maxime du moyen âge : « — Les droits et biens des églises dédiées à Dieu et hors du commerce des hommes sont irrévocables et ne peuvent être sujets à aucune taxe. »

Le cardinal de Fleury, complètement dominé par les jésuites, persécute les jansénistes et les gallicans, contre lesquels il lance d’innombrables lettres de cachet. Le Parlement, à cette occasion, fait montre d’une velléité d’opposition, il confirme, le 7 septembre 1731, sous forme d’arrêt, toutes les libertés de l’Église gallicane. Le cardinal de Fleury fait casser l’arrêt. Le Parlement le maintient, et après une lutte d’une année, le 8 septembre 1732, les trois quarts des membres de cette compagnie sont exilés dans diverses localités ; mais, effrayé de la fermentation que cette mesure jette dans les esprits, le cardinal de Fleury la révoque bientôt ; le Parlement, triomphant, reprend ses séances et accorde un puissant appui aux jansénistes. Ceux-ci, non moins fanatiques que les jésuites, tentent de se populariser par des miracles. Une sorte de folie s’empare du peuple ignorant et crédule, il va faire des neuvaines sur la tombe du diacre Pâris. On forme des assemblées nocturnes, mystérieuses, où un libertinage éhonté se mêle aux pratiques d’une superstition stupide et féroce. Les convulsionnaires (ainsi se nomment ces étranges croyants) s’assemblaient hommes et femmes. Celles-ci, touchées, disaient-elles, de la grâce, demandaient (dans leur jargon mystique)