Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/53

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Le duc de Bourbon ressentait une profonde envie contre le fils du régent, le jeune duc d’Orléans ; celui-ci, en sa qualité de premier prince du sang, devait régner dans le cas où Louis XV mourrait célibataire ou sans postérité. Le duc de Bourbon, afin de priver la branche d’Orléans des éventualités qui pouvaient l’appeler au trône, résolut de rompre l’union projetée entre l’infante d’Espagne et Louis XV, afin de marier celui-ci le plus promptement possible. Madame de Prie, dans l’espoir de dominer la future reine, engagea le duc de Bourbon à choisir une princesse qui, lui devant son élévation, se trouverait engagée par la reconnaissance. Le choix du duo s’arrêta sur Marie Leczinska, fille de Stanislas Leczinski, déchu du trône de Pologne. Ce bonhomme vivait pauvrement à Weissembourg d’une modique pension du gouvernement français. Le 5 septembre 1725, Louis XV, âgé de quinze ans et demi, épousa Marie Leczinska. L’infante d’Espagne, encore enfant et depuis longtemps amenée à Versailles, où elle attendait l’âge et le moment de devenir reine de France, fut renvoyée en son pays. Philippe V, irrité de l’insulte faite à sa fille, conclut avec Charles VI, empereur d’Autriche, une alliance offensive et défensive contre la France. Celle ci dut à son tour s’allier à l’Angleterre et la Prusse ; mais la guerre n’éclata pas encore. Les finances périclitaient à ce point qu’il fallut choisir entre une nouvelle banqueroute ou l’aggravation des impôts déjà exorbitants. Pâris Duverney n’hésita pas ; il fit décréter une taxe du cinquantième du revenu pour douze ans, et rétablir en outre plusieurs droits fiscaux et féodaux tombés en désuétude : le don de joyeux avènement et celui de la ceinture de la reine levés sur les corporations des métiers. Pendant que les impôts s’aggravaient dans une proportion énorme, la disette sévissait cruellement ; de sanglantes émeutes, provoquées par la cherté des vivres, éclatent à Paris, à Caen, à Lisieux ; les campagnes se révoltent contre la perception de l’impôt du cinquantième ; des bandes d’hommes, de femmes, armés de faux, de fourches, parcourent les campagnes, menaçant de