Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/83

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fenêtres sous des plaques de plomb soudées, maintenues par des châssis de fer scellés dans la muraille.

Le bâtiment, jadis destiné au concierge de cette demeure et avoisinant la porte d’entrée, était seul occupé par un Juif et par sa femme. Ils devisaient, ce soir-là, dans une chambre basse ; sa porte entrebâillée donnait sur le passage voûté aboutissant à la rue.

David Samuel avait environ trente ans ; sa femme, Bethsabée, vingt-cinq ans. Le type israélite caractérisait leurs traits. Bethsabée, assise devant une petite table, éclairée par une lampe de cuivre, se préparait à écrire sous la dictée de son mari. Celui-ci, assis dans un fauteuil, le front appuyé sur sa main, paraissait pensif, et s’adressant à sa femme après quelques moments de silence :

— Oui… plus je réfléchis aux circonstances actuelles, plus je suis convaincu qu’il est prudent et urgent de nous trouver en mesure contre des éventualités fâcheuses… Malgré nos précautions extérieures et intérieures, ce qui se passe ici peut être un jour ou l’autre découvert par les gens du lieutenant de police ; je serais alors emprisonné ; tu le serais aussi, Bethsabée ! Or, si je mourais en prison…

— Ah ! mon ami !… quelle sinistre prévision !

— Il faut tout prévoir… Or, dans le cas où je mourrais, notre cousin Lévy, sur qui je compte comme sur moi-même… tu le sais…

— Oui, et ta confiance en lui ne sera jamais trompée, Samuel…

— J’en ai la certitude… Aussi je désire le charger, le cas échéant, de me suppléer dans la mission sacrée que mon père et mon aïeul m’ont transmise… Voilà pourquoi je veux tenir toute prête, à l’avance, la note qui instruira notre parent de ce qu’il doit connaître, afin de me remplacer… Veuille donc, chère Bethsabée, écrire cette note sous ma dictée.

Au moment où Samuel prononçait ces derniers mots, il entendit heurter à la porte bâtarde d’une façon particulière. On frappa d’abord trois coups, puis deux, séparés par une intermittence, puis deux autres ; total, sept.