Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/129

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que l’Assemblée nationale, avant de s’engager par cette démarche, doit signifier au roi qu’il doit déployer tous les pouvoirs qu’il tient de la nation contre ces émigrés en armes sur nos frontières et de qui il a disculpé les projets liberticides, affirmant qu’ils n’ont été entraînés hors du royaume que par diversité d’opinions. »

Ainsi, vous le voyez, fils de Joël, Billaud-Varenne dénonçait aux jacobins le plan de contre-révolution dont la guerre était le prétexte. Danton, partageant la même défiance, inclinait cependant à la guerre, demandant qu’avant de déclarer les hostilités l’Assemblée scrutât profondément les intentions de Louis XVI. Comment ces intentions pouvaient-elles être douteuses pour Danton ?… Enfin, Brissot, qui après Danton occupa la tribune, conclut à la guerre, mais à la guerre révolutionnaire ; or, en cette occasion, Brissot, contrairement aux habitudes de son excellent esprit, commettait un non-sens ; il était impossible de supposer un instant à Louis XVI la pensée de soulever les peuples contre leurs rois, ses complices.

Voici quelques passages de l’admirable réponse de Robespierre :

« — Il me semble que ceux qui désirent provoquer la guerre n’ont adopté cette opinion que parce qu’ils n’ont pas fait assez d’attention à la nature de la guerre que nous entreprendrions et aux circonstances où nous sommes. Que nous propose-t-on de déclarer ? est-ce la guerre d’une nation contre les autres nations ? est-ce la guerre d’un roi contre les autres rois ? est-ce enfin la guerre révolutionnaire d’un peuple libre contre les tyrans qui asservissent les autres peuples ?… Non ! ce qu’on nous propose, citoyens, sachez-le bien, c’est la guerre de tous les ennemis de la révolution française contre cette révolution elle-même. Ceci, je vais le prouver en examinant ce qui s’est passé jusqu’à ce jour, depuis le ministère du duc de Broglie, qui, en 1789, se proposait d’anéantir l’Assemblée nationale, jusqu’aux derniers successeurs de ce ministre……