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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/151

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« L’Assemblée des commissaires des sections réunis avec pleins pouvoirs de sauver la chose publique, considérant que la première mesure de salut est de prendre en mains tous les pouvoirs que la commune de Paris avait délégués, et d’ôter à l’état-major de la garde nationale sa malheureuse influence sur le sort de la liberté publique, décrète :

» 1° L’état-major est suspendu de ses fonctions ;

» 2° Le conseil municipal est suspendu ; le citoyen Pétion, maire, et le citoyen Rœderer, procureur de la commune, continueront leurs fonctions. »

Ces mesures prises au nom de l’immense majorité des citoyens de Paris, dont elle avait reçu la délégation, la nouvelle commune de Paris se constitue et s’établit en permanence à l’Hôtel de Ville, se préparant à agir révolutionnairement, tandis que le peuple charge ses armes et ses canons, au son précipité du tocsin, afin de marcher au point du jour sur le château des Tuileries.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’extrais de mon journal le récit des événements survenus durant les fameuses séances de nuit et de jour, tenues du 10 au 11 août, par l’Assemblée nationale. Je me trouvais retenu dans son enceinte ; car à mon grand regret, après avoir été l’un des combattants de la Bastille, je n’ai pu prendre part à l’héroïque attaque des Tuileries le 10 août 1792, immortelle journée qui a décidé du sort de la royauté ; je me suis consolé de mon absence du théâtre de la lutte, car il m’a été donné d’être témoin des faits les plus sublimes dont puisse s’enorgueillir l’humanité.

Lisez le récit de ces séances, fils de Joël, et vous verrez à quelle hauteur de désintéressement et de générosité peut s’élever dans sa victoire un peuple libre, et à quel degré d’abaissement peut tomber une royauté traître et parjure !