Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/188

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tour, et le combat a commencé… (Le jeune sergent s’interrompt, et reprend d’une voix suppliante et les larmes aux yeux :) Je vous en conjure, messieurs les représentants… ayez pitié d’un détachement de nos camarades, envoyés depuis quelques jours dans le département de l’Eure… on croira en province que nous sommes coupables ! ! L’on verra dans nos camarades les complices du crime qu’on nous reproche ! ! ils seront peut-être massacrés ! ! sauvez-les… par pitié, sauvez-les… écrivez qu’on les épargne !

» le président. — Soyez rassuré… des instructions seront envoyées aujourd’hui à ce sujet au directoire du département de l’Eure.

» le sergent suisse, avec l’accent d’une profonde reconnaissance. — Merci, monsieur le président, merci… (Puis, après avoir consulté à voix basse les autres soldats :) Mes camarades et moi nous demandons à prêter serment à l’Assemblée… et à la nation…

» le président.— L’Assemblée vous sait gré de votre civisme.

» le jeune suisse, d’une voix forte et levant les mains vers le ciel. — Nous jurons fidélité à la nation et à l’Assemblée… »

Tous les soldats suisses lèvent spontanément la main. Ce serment est accueilli par les applaudissements unanimes des représentants du peuple.

« le président, au sergent. — L’on va vous conduire, vous et vos camarades, dans l’un des bâtiments dépendant de l’Assemblée… Vous serez là en toute sûreté. »

Les Suisses et les patriotes quittent la salle. Le forgeron qui tenait entre ses bras le petit fifre le dépose à terre, et embrasse cet enfant avec une expression de paternel regret… Les tribunes se remplissent de nouveau des citoyens qui sont allés sauvegarder les prisonniers.

« chabot, à la tribune. — Deux de nos collègues et moi nous venons de haranguer le peuple, nous l’avons trouvé exaspéré contre les perfidies de la cour et contre les Suisses, qu’il regarde comme les instruments de ces scélératesses… Mais lorsque nous lui avons eu affirmé, prouvé l’innocence de ces malheureux soldats, le peu-