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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/195

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nent les bonnet de peaux d’ours ! — Nos fusils sont encore chauds ; ils partiront tout seuls. — La bataille à peine finie… faut-il reprendre les armes ? — Nous les reprendrons. Mais, sacrebleu ! nous tenons Veto et l’Autrichienne. — Nous ne les lâcherons pas. — Ils seront jugés, ou nous périrons. — Vive la nation ! !

Ces clameurs, ces menaces, soulevées par les manœuvres de ses dangereux partisans, semblent épouvanter Louis XVI, mais ranimer les opiniâtres espérances de Marie-Antoinette ; certaine de l’appui du parti royaliste à Paris, elle relève son front altier, sourit d’un air triomphant et jette aux tribunes un regard de défi… Mais bientôt l’agitation causée dans l’Assemblée elle-même, par la révélation des projets des contre-révolutionnaires, s’apaise à la vue des quatre représentants du peuple de retour de la mission dont ils ont été chargés au sujet de l’appropriation de la maison du Temple à la résidence du roi et de sa famille. Les citoyens Palloy, Paris, Martin et Lefèvre regagnent leurs bancs. Le citoyen Paris demande la parole.

« le président. — Vous avez la parole.

» paris, à la tribune. — Messieurs, nous venons de visiter la maison du Temple… conjointement avec les commissaires de la commune… Nous sommes tombés d’accord que l’on ne saurait choisir un lieu plus convenable et mieux approprié à l’objet que l’on se propose… (Mouvement prolongé.)

Le président se lève, quitte le fauteuil, s’avance vers la loge royale, et d’une voix émue et solennelle, s’adressant à Louis XVI :

« — L’Assemblée nationale ordonne que le roi et sa famille seront immédiatement conduits à la maison du Temple sous la sauvegarde du maire de Paris… et de la générosité du peuple… »

Les citoyens des tribunes se lèvent, agitent leurs bonnets rouges, brandissent leurs armes et crient : — Vive la nation !

La porte extérieure de la loge royale s’ouvre, Pétion y paraît le chapeau à la main ; derrière lui on aperçoit dans le couloir San-