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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/196

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terre, commandant de la force publique révolutionnaire, et quelques-uns de ses officiers. Marie-Antoinette, après avoir adressé un geste de malédiction à l’Assemblée, sort la première de la loge, puis à son tour sort Louis XVI, défait, livide, affaissé, s’appuyant aux parois de la loge. Il est suivi de madame Élisabeth fondant en larmes et tenant le dauphin par la main… Elle est accompagnée de mesdames de Tourzel et de Lamballe… La loge royale reste vide.

« le président. — La séance est levée.

» les patriotes des tribunes. — Vive la nation ! »


Dites, fils de Joël, la journée du 10 août 1792, dont vous venez d’être témoins, ne vous offre-t-elle pas un admirable tableau où l’héroïsme des combattants peut seul disputer à leur noble désintéressement ? à leur sublime générosité envers leurs ennemis après la bataille ?

Les patriotes avaient encore… (pour me servir de la naïve et énergique expression du fédéré breton) avaient encore la bouche sur la joue des Suisses, avec lesquels ils fraternisaient, aux cris de vive la nation ! lorsque, par suite d’une exécrable trahison royaliste, des citoyens tombent frappés à mort : la lutte s’engage, furieuse, le château est au pouvoir du peuple, les Suisses survivants au combat sont prisonniers. Le feu prend aux Tuileries, les vainqueurs éteignent l’incendie, arrachent aux flammes les bijoux, l’argenterie, des sommes considérables appartenant à la famille royale, et viennent déposer ces richesses au sein de l’Assemblée… La vie des Suisses captifs est menacée par ces lâches bandits qui, la bataille finie, sortent de leurs repaires afin de se livrer au pillage et au massacre ; les sans-culottes volent au secours des prisonniers, font justice des pillards, ramènent les Suisses au milieu de l’Assemblée nationale, et là se passe l’une des scènes les plus touchantes, les plus sublimes, dont