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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/208

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tres, à genoux sur le pavé des rués, imploraient à mains jointes l’aide du Tout-Puissant… Que dire enfin ?… Paris entier oscillait tour à tour entre la terreur, la haine ou les transports d’une vengeance aveugle !

Encore une fois, fils de Joël, la lecture des placards, des décrets, peut seule expliquer les abattements, les fureurs, et parfois les appétits féroces de cette population en délire ; ainsi, mon compagnon et moi, nous avons vu presque au sortir de notre maison, fraîchement affiché sur la muraille, le placard suivant, autour duquel s’était bientôt formé un groupe considérable. Ce placard, contenant un extrait du Courrier des Départements, journal publié par Gorsas (girondin), était ainsi conçu :


plan des forces coalisées contre la france.


« Plus de deux cents chefs royalistes, répartis dans les différents centres de la France, ont des points de réunion. — Ils tiennent les signatures nombreuses de personnes prêtes à se joindre aux armées des rois coalisés dès qu’elles auront franchi la frontière. — Les armées combinées marcheront sur les places fortes comme pour en faire le siège, mais ne prendront possession que de celles qui ouvriront leurs portes. — Le duc de Brunswick contiendra les armées françaises disséminées sur la frontière, tandis que le roi de Prusse s’avancera à la tête de ses forces, grossies des contre-révolutionnaires de l’intérieur. L’on marchera d’abord sur Paris. L’on réduira cette ville par la famine. Aucune considération, pas même le danger de la famille royale, ne pourra rien changer aux dispositions suivantes : — Les habitants de Paris seront conduits en rase campagne, on en fera le triage. Les révolutionnaires seront suppliciés. — On avisera au sort des autres. — Peut-être suivra-t-on le système de l’empereur d’Autriche : de n’épargner que les femmes et les enfants. — En cas d’inégalité de forces, l’on mettra