Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/221

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on armera ceux des citoyens peu fortunés qui vont voler à la frontière.

» Art. 4. — Les barrières seront à l’instant fermées.

» Paris, 2 septembre 1792.

» Coulombeau. »...............................

Ce dernier paragraphe, ordonnant la fermeture des barrières, causa un frémissement farouche dans la foule ; cette pensée vint spontanément à tous les esprits : « La commune ordonne de fermer les barrières afin que nos ennemis intérieurs ne puissent nous échapper ! ! ! » Cette sinistre espérance se manifesta par des acclamations de toute nature ; l’on connaissait l’ardent civisme de la commune de Paris, élue par les sections pendant la nuit qui précéda l’insurrection du 10 août. Les membres du conseil municipal avaient et méritaient presque tous la réputation d’honnêtes gens dans l’acception la plus étendue de ces termes ; on les savait excellents patriotes. Leur approbation, d’abord tacite, et bientôt avouée, au sujet de l’exécution en masse des prisonniers, devait lever les scrupules des plus timorés, plus que jamais persuadés, je le répète, tout en la regrettant, de la terrible nécessité d’une mesure de salut public. La lecture que l’on fit à haute voix d’un autre arrêté de la commune, arrêté qui m’intéressait spécialement, en cela que j’exerce la profession de serrurier, attira mon attention. Telle était la teneur de ce décret :


« la commune de paris
» Décrète :

» 1o Les enrôlements se feront dans les sections, dans les théâtres et sur les places publiques.

» 2o Les citoyens étrangers s’enrôleront à l’Hôtel de Ville.

» 3o Le département de Paris fournira sur-le-champ soixante mille hommes.

» — Les armuriers, serruriers, forgerons, se rendront au comité