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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/222

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militaire pour déclarer combien ils peuvent fabriquer de fusils, de piques, de sabres, etc., etc.

Les cercueil de plomb, seront fondus pour faire des balles ; les invalides se chargeront de ce travail.

» Paris, 2 septembre 1792.

» Coulombeau. »...............................

Hélas ! vous le voyez, fils de Joel, en cette terrible journée, tout concourait à jeter la population dans un sombre et curieux vertige… Tout, jusqu’à ces munitions de guerre arrachées aux cercueils, dont le plomb allait être fondu en balles. Dites, fils de Joël, lorsqu’un perfide en est réduit, par l’inexorable et sainte nécessité de la défense de la patrie, à profaner les dépouilles des morts, est-il surprenant que tous les esprits, bouleversés, perdent, au milieu d’une pareille crise, les notions absolues du juste et de l’injuste ? Ah ! je vous le répète, il n’est pas une des circonstances de ces journées redoutables qui n’ait poussé à la fatalité du massacre des prisons… Enfin, les contrastes les plus touchants devaient rendre ces temps non pareils dans l’histoire. Un dernier décret de la commune, que l’on afficha sous mes yeux, contenait cet appel aux femmes :

« Citoyennes !

» Des tentes sont nécessaires pour le camp sous Paris et pour l’armée ; elles ne sont pas encore faites, le temps presse !

» Citoyennes ! !

» Hâtez-vous de vous rendre dans les églises, afin d’y travailler aux effets de campement !

» Vous servirez la patrie, vous contribuerez au salut public !!

» Paris, 2 septembre 1792.

» Coulombeau. »...............................

À peine les femmes de toute condition, mêlées à la foule, eurent-elles connaissance de ce décret, qu’elles le saluèrent de leurs acclamations ; leur sentiment général témoignait surtout d’une vive reconnaissance envers la commune de Paris, qui — « les appelait à servir