» — J’étais franc royaliste.
» Un léger murmure fut apaisé par ces mots de l’un des juges qui dit mot pour mot :
» — Ce n’est pas pour juger des opinions que nous sommes ici, c’est pour en juger les résultats. »
(Saint-Méard achève de relater la seconde partie de sa défense, et termine de la sorte :)
« … Voilà, messieurs, tout ce que je peux vous dire de ma conduite et de mes principes ; la sincérité de mes aveux doit vous convaincre que je ne suis pas un homme dangereux, j’espère donc que vous voudrez bien m’accorder ma liberté, à laquelle je suis attaché par besoin et par principes.
» le président, après avoir ôté son chapeau. — Je ne vois rien qui doive faire suspecter l’accusé, je lui accorde la liberté. (Aux juges.) Est-ce votre avis ?
» tous les juges. — Oui, oui, c’est juste !
» À peine ces mots furent-ils prononcés que tous ceux qui étaient dans le greffe m’embrassèrent. J’entendis au-dessus de moi applaudir et crier bravo ! je levai les yeux, et j’aperçus plusieurs têtes groupées derrière les barreaux d’un soupirail qui donnait sur le greffe. Le président chargea trois personnes de me conduire hors de la prison et de me protéger ; ces trois personnes me firent mettre mon chapeau sur la tête, et me conduisirent hors du greffe. Aussitôt que je parus dans la cour, l’un de mes gardes s’écria :
» — Chapeau bas ! voilà celui pour qui vos juges demandent aide et secours !
» Cela dit, mes guides et tous ceux qui m’entouraient m’embrassèrent. Dans la rue, la foule criait sur mon passage :
» Vive la nation ! C’est un innocent, — et l’on m’applaudissait.
» … Les trois personnes chargées de m’accompagner chez moi me dirent qui elles étaient : l’un était maçon, établi dans le faubourg Saint-Germain ; l’autre, né à Bourges, était apprenti per-