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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/263

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ruquier ; le troisième, vêtu en garde national, était fédéré… Arrivés dans la rue Saint-Benoît, nous montâmes dans un fiacre, qui me conduisit chez moi. Le premier mouvement de mon hôte fut, en me voyant, d’offrir son portefeuille à mes conducteurs ; ils le refusèrent, et lui dirent en propres termes :

» — Nous ne faisons pas ce métier pour de l’argent : voilà votre ami ; il nous a promis un verre d’eau-de-vie, nous le boirons à sa santé, et nous retournerons à notre poste.

» Ils me demandèrent une attestation qui prouvât qu’ils m’avaient conduit chez moi sans accident ; je la leur donnai en les priant de m’envoyer la déclaration que mes juges m’avaient promise. Le lendemain, l’un des commissaires m’apporta le certificat dont voici la copie :

» — Nous, commissaires nommés par le peuple pour faire justice des traîtres détenus dans la prison de l’Abbaye, nous avons fait comparaître, le 3 septembre, le citoyen Journiac Saint-Méard, ancien officier, décoré de la croix de Saint-Louis, lequel a prouvé la fausseté des accusations portées contre lui, et n’être jamais entré dans aucun complot contre les patriotes ; nous l’avons proclamé innocent, en présence du peuple, qui a applaudi à la liberté que nous lui avons rendue.

» En foi de quoi, nous lui avons, à sa demande, délivré le présent certificat, engageant tous les bons citoyens à lui prêter aide et secours.

» Signé : Poir...............................

» Ber..................................................

À l’Abbaye, l’an IV de la liberté, l’an Ier de l’égalité. »