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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/266

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Valvins, accusés d’avoir fabriqué et émis de faux assignats, et tant d’autres, furent massacrés d’après le prononcé de Maillard, au nom du peuple souverain… Peut-être sur l’étiquette des personnages que l’on vient de voir passer à la Force, va-t-on s’imaginer que le crime seul a péri. Oh ! sans doute, beaucoup de grands coupables ont payé de leur vie de véritables forfaits, mais le plus grand tort qu’ont fait à la morale ces massacres affreux, c’est que des actes d’une illégalité aussi cruelle, loin de tourner au profit de l’exemple, seule fin des supplices, honore presque les victimes au lieu de les flétrir, et laisse à leurs partisans le droit de les représenter comme des martyrs. »

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Mémoires de Bertrand de Molleville, fragments recueillis par Toulongeon, pour servir à son Histoire de France[1].


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« … Mon frère trouva deux hommes qui, couverts du sang répandu par leurs mains, l’ont cependant sauvé. Je tiens de lui les particularités de leur conduite, je les rapporte fidèlement. »

(Le frère de Bertrand raconte son interrogatoire, son acquittement par le tribunal, et poursuit :)

« … On me déclare innocent. La sentence fut applaudie aux cris de : — Vive la nation ! — Michel et son camarade prirent mon frère par le bras, et le firent sortir… Les barbares exécuteurs étaient là, au dehors, sur deux lignes, et prêts à frapper ; mais quand le mot innocent arriva à leurs oreilles, ils entourèrent mon frère, l’embrassèrent tour à tour avec des visages couverts de sang. Il fut contraint de se prêter de bonne grâce à ces embrassements effroyables…

  1. Ap. Hist. parlem. de la Rév., vol. XVIII, p. 282.