lui a écrit dans l’une de ses dernières lettres, qu’il avait été élu à je ne sais quelles fonctions, et elle s’enorgueillit de ce succès.
— En effet, il a été récemment élu officier municipal ; on lui avait même proposé, tant est grande l’influence dont il jouit dans ce quartier et au club des Jacobins, de le porter candidat à la Convention, mais il a répondu avec une modestie qui cache un immense orgueil : « — Je ne me reconnais pas suffisamment de lumières pour faire partie de la Convention ; puis, je préfère rester souverain, au lieu d’être commis du souverain. » — D’où il suit que moi, représentant du peuple à la Convention, je ne suis que le très-humble serviteur et commis de mons Lebrenn, garçon serrurier ; voilà où nous en sommes. Du reste, la position qu’il s’est faite dans sa section et aux Jacobins l’a mis en rapport avec plusieurs personnages marquants de la révolution : Tallien, Robespierre, Legendre, Billaud‑Varenne, Danton et autres, mais…
— Pardon, mon ami ; as-tu renoué quelques relations avec ce jeune homme depuis le jour où tu lui as refusé la main de notre fille ?
— Non ; je l’ai souvent rencontré aux Jacobins ou dans notre rue, puisque nous sommes voisins, mais j’ai feint de ne pas l’apercevoir ; il a imité ma réserve. Du reste, je dois lui rendre cette justice : il s’est toujours, selon ce que j’ai appris, exprimé sur mon compte dans des termes favorables. Fidèle à cette promesse, passablement insolente, d’ailleurs : « — Que, quelle que fût sa manière de voir à l’endroit de la sincérité de mes convictions, il garderait son opinion secrète jusqu’au jour où mes actes me dénonceraient eux-mêmes. » — Or, mes actes, mes discours ont toujours été, seront toujours conformes aux nécessités de ma position… Mais, c’est trop parler de ce Lebrenn. Je t’ai dit, dès ton arrivée, que ton retour inattendu me surprenait, mais qu’il concordait avec mes projets récents.
— Il est vrai, mon ami, et tu as ajouté que tu allais, aujourd’hui