Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 14.djvu/299

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l’objet, je les déjouerai. J’ai, tout à l’heure, grâce à un épais brouillard, dépisté les mouchards attachés à mes pas ; l’on n’imaginera jamais de venir me chercher chez un membre de la Convention ; c’est ce qui m’a décidé à venir demander asile à ton mari jusqu’à minuit seulement ; à cette heure, je quitterai cette maison.

— Ah ! je jure, moi, que tu l’auras quittée avant dix minutes ! — dit à part soi l’avocat Desmarais, revenant lentement auprès de sa femme, au moment où M. Hubert, apercevant le coffre de bois blanc, dit à sa sœur :

— Ah ! voilà ma caisse ; il faudra que…

— Pauvre frère ! — reprend madame Desmarais, interrompant le financier, — au milieu de tes anxiétés, avoir le courage de songer à l’anniversaire de ma naissance ; combien je suis touchée de cette preuve de ton affection !

— Je ne mérite pas ce remerciement, ma chère sœur, je t’ai trompée…

— Comment ?

— J’ai voulu mettre à l’abri cette caisse, contenant quelques objets précieux et des papiers… que je désirais soustraire aux visites domiciliaires qui, journellement, s’exécutent par les frères et amis chez les suspects.

— Des papiers… compromettants sans doute ! — dit M. Desmarais à l’écart. — Quelle audace ! un tel dépôt chez moi ! il y a de quoi me perdre cent fois !

— J’ai pensé que ces objets ne pouvaient être plus en sécurité qu’ici, — poursuit M. Hubert ; — mais pour des raisons inutiles à te dire, il faut que ton domestique et ton portier transportent immédiatement cette caisse dans une maison dont je t’indiquerai l’adresse…

— Je vais à l’instant donner des ordres en conséquence, — répond madame Desmarais en se dirigeant vers la porte. Mais l’avocat l’arrête par la main et lui dit froidement :