L’avocat réfléchit, tandis que le financier échange avec madame Desmarais quelques paroles ; puis l’avocat dit soudain à Gertrude :
— Avez-vous une clé de la petite porte du jardin ?
— Oui, monsieur.
— Allez l’ouvrir ; laissez-la entrebâillée ; puis, dans dix minutes, vous reviendrez d’un air alarmé chez le portier ; vous lui direz que l’individu qui est venu me demander était un voleur, car vous venez de le surprendre la main dans le tiroir du buffet de la salle à manger ; mais qu’à votre aspect le voleur a pris la fuite, a descendu l’escalier en hâte, et s’est probablement sauvé par le jardin en escaladant la muraille… Vous m’entendez bien ?
— Oui, monsieur.
— Exécutez ponctuellement mes ordres, et pas un mot à personne ici de la présence de mon beau-frère, sinon vous causeriez les plus grands malheurs.
— Monsieur, soyez tranquille.
— Germain n’est pas de retour de la commission que je lui ai donnée ?
— Non, monsieur.
— Jeannette a-t-elle vu entrer M. Hubert ?
— Non, monsieur, elle était à sa cuisine, et c’est moi qui ai ouvert la porte au frère de madame.
— Allez, pas un mot de ceci à Jeannette ou à Germain ; ne laissez entrer personne dans le salon, pour quelque raison que ce soit, et ne revenez que lorsque je vous sonnerai. — Puis, réfléchissant, M. Desmarais ajoute : — Pour plus de sûreté, je vais fermer le verrou ; allez !
Gertrude sort. M. Desmarais verrouille soigneusement la porte du salon.
— Te revoir, mon frère, et peut-être au moment de te perdre pour jamais ! — disait madame Desmarais à M. Hubert d’une voix entrecoupée de sanglots, — que je suis malheureuse !
— Rassure-toi : si acharnées que soient les poursuites dont je suis