Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa femme par le bras : — Quant à vous… restez ici, je vous l’ordonne.

— Citoyen Desmarais, je vous prie, je vous adjure de laisser libre ma belle-mère, — dit Jean Lebrenn d’une voix contenue et se dominant encore ; — croyez-moi… la violence est mauvaise conseillère… elle appelle la violence.

— Sors de chez moi, scélérat ! — répond l’avocat tenant toujours sa femme par le poignet ; — hors d’ici sur l’heure !

— Mes enfants, je me résigne à mon sort ! — murmura madame Desmarais fondant en larmes et se soutenant à peine. — Adieu… pour toujours, adieu !…

— T’abandonner !… — répond Charlotte en se serrant auprès de sa mère, — te laisser dans cet enfer… jamais !

— Une dernière fois, citoyen Desmarais, je vous adjure, je vous supplie de renoncer à la violence que vous exercez sur votre femme, — dit Jean Lebrenn, essayant encore d’en appeler à la persuasion, — de grâce, laissez madame Desmarais suivre sa fille ; et si, plus tard, usant de vos droits pour la contraindre à revenir près de vous, les lois la condamnent, elle reviendra… Mais prenez garde, ma patience est à bout, je ne puis tolérer plus longtemps la brutalité dont je suis témoin : à cette brutalité, je mettrai un terme si vous m’y forcez…

— Aurais-tu l’audace de porter la main sur moi, malheureux ! — repartit l’avocat écumant de fureur et secouant si rudement le bras de sa femme, que la douleur lui arracha un cri perçant. — Oseras-tu…

— Oui, puisqu’il le faut, je soustrairai à vos mauvais traitements une femme pour qui j’ai le respect d’un fils, — répond Jean Lebrenn, et, de sa main de fer, serrant comme dans un étau le poignet de l’avocat, il le contraint d’abandonner le bras de sa femme. Celle-ci, s’échappant à cette étreinte, s’empresse de sortir, soutenue par Charlotte ; elles disparaissent dans la pièce voisine… L’avocat essaye en