Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/197

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accusent la montagne d’avoir provoqué ce mouvement, et de vouloir les faire égorger par cet infâme peuple de Paris. Ils écrivent dans leurs provinces que la représentation nationale n’est pas libre, qu’ils sont obligés de délibérer sous le couteau des septembriseurs ! quoi voyant, les jacobins, en minorité dans la Convention, font appel aux sans-culottes des faubourgs contre la majorité de l’Assemblée, tandis que les girondins font appel aux fédérés des provinces pour défendre leurs représentants menacés.

M. HUBERT. — Je comprends… Ah ! vous êtes un rude jouteur, mon révérend.

LE JÉSUITE MORLET, avec modestie. — Ad majorem Dei gloriam ! … Le reste va de soi-même : les provinces endiablées de républicanisme, sur lesquelles nous n’avons aucune action, à savoir : les deux tiers de la France, et que nous ne saurions pousser à la guerre civile au nom du trône et de l’autel, lèveront cependant le bienheureux étendard de cette chère guerre civile au nom du fédéralisme… Leur vieille jalousie contre Paris se réveille, s’enflamme… Elles oublient que l’ennemi est aux frontières, et au lieu de marcher contre les coalisés, elles leur tournent le dos pour marcher contre les sans-culottes de la capitale… Ainsi, la France entière, livrée aux déchirements de la guerre intestine, est bientôt en proie à une épouvantable anarchie. C’est alors que Dumouriez lève le masque… entraîne son armée… La république est noyée dans son sang et la révolution vaincue… J’ai dit.

L’ABBÉ ROUX, avec admiration. — Adopté le projet ! adopté à l’unanimité !

TOUS. — Oui, oui, adopté !

LE JÉSUITE MORLET. — En ce cas, messieurs, à l’œuvre, et dès demain 10 mars. J’ai le bonheur d’avoir dans ma manche une bande d’affreux coquins, obéissant à un certain Lehiron, lequel nous a déjà donné de merveilleuses preuves de ses petits talents et de son intelligente obédience à nos inspirations ; ainsi, le 14 juillet, jour néfaste