Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/22

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lutte qui, quelle que soit son issue, doit être terminée en un jour ou deux à Paris ?

L’ÉVÊQUE. — Si l’on est vaincu à Paris, l’on se relire dans les provinces révoltées !

LE JÉSUITE MORLET. — Il est bon là, monseigneur ; on se retire… Est-ce que si l’insurrection est vaincue, un seul de ceux qui y auront pris part pourra s’échapper ? Ils seront tous massacrés ou guillotinés.

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Eh bien ! nos amis et l’étranger nous vengeront ! Il ne restera pas pierre sur pierre de cet infernal Paris !

LE JÉSUITE MORLET. — Et le roi ?

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Quoi, le roi ?

LE JÉSUITE MORLET. — Il aura été, je suppose, délivré par un hardi coup de main ; mais, l’insurrection vaincue, il n’échappera pas à la mort !

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Hé bien ! lui aussi sera vengé par la guerre civile et par l’étranger !

LE JÉSUITE MORLET. — En ce cas, puisque, de votre aveu, il y a cent contre un à parier qu’alors même que vous parviendriez à le délivrer momentanément, Louis XVI sera sacrifié, à quoi bon votre insurrection ?… Laissez-lui donc tout simplement couper le cou à cet excellent prince ; son supplice sera le signal de la guerre civile, de l’invasion étrangère et de l’extermination de la république, ainsi que je l’ai clairement démontré. Ne risquez point inutilement votre vie et celle de nos amis : ils peuvent, ainsi que vous, le moment venu, rendre de grands services. Donc, je me résume : notre intérêt à tous, bourgeoisie, noblesse et clergé, est que Louis XVI soit guillotiné dans le plus bref délai. J’ai dit.

La froide et inflexible logique de ce prêtres impressionne vivement ses auditeurs ; il disait vrai en ce qui touchait la certitude de la défaite de l’insurrection royaliste et du redoublement de fureur où la mort de Louis XVI jetterait les souverains étrangers. Rien de plus formidable, en effet, que le concert de leurs efforts, de leurs immenses