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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/59

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de Louis XVI au sujet de cette lettre de ses frères, trouvée aux Tuileries dans l’armoire de fer, lettre foudroyante, dont chaque mot, chaque ligne révélait les intelligences, les complots noués par ce parjure, par ce traître avec l’étranger, qu’il sollicitait incessamment d’envahir la France. L’agitation causée par cet incident, et dans la salle, et dans les tribunes, s’apaise à la fin, grâce aux efforts du président, qui, interpellant de nouveau l’accusé :

— Louis, vous avez négligé de pourvoir à la sûreté extérieure de l’État. Narbonne, votre ministre, avait demandé une levée de cinquante mille hommes : il arrêta le recrutement à vingt-cinq mille hommes, assurant que tout était prêt pour la guerre ; rien ne l’était. Servan, alors, proposa la formation d’un camp de vingt mille hommes sous Paris ; l’Assemblée le décréta : vous avez refusé votre sanction à ce décret. Louis, qu’avez-vous à répondre ?

LOUIS XVI. — J’avais donné des ordres aux ministres ; s’ils se sont trompés, ce n’est pas ma faute.

LE PRÉSIDENT. — Un élan de patriotisme faisait partir de tous côtés des citoyens pour Paris : vous fîtes une proclamation tendant à paralyser cet élan ; cependant, nos armées étaient dépourvues de soldats. Dumouriez avait déclaré que la nation n’avait ni armes, ni munitions, ni subsistances, et que les places étaient hors de défense. Vous avez donné mission aux commandants des troupes qui vous étaient dévoués de pousser à la désorganisation de l’armée, d’engager des régiments à la désertion et de leur faire passer le Rhin, pour mettre ces régiments à la disposition de vos frères et de Léopold d’Autriche, avec lequel vous étiez secrètement d’intelligence. Ces faits sont prouvés par des lettres de Toulongeon, commandant de la Franche-Comté. Louis, qu’avez-vous à répondre ?

À cette nouvelle et écrasante accusation, un silence solennel régna dans l’Assemblée, dans les tribunes ; et quoique, depuis l’ouverture de la séance, l’on se fût habitué à l’odieux et absurde système de dénégation de Louis XVI, l’on hésitait encore à croire qu’il pût y