Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/81

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tu avais fui lâchement, comte, tu émigrais ; mais aujourd’hui je te retrouve, et cette fois tu n’échapperas pas ; mais avant de te livrer à un châtiment doublement mérité, je tiens à te convaincre, car tu es, après tout, homme de sens et d’esprit ; je tiens, dis-je, à te convaincre et à te faire avouer, mais cela sans contrainte…

— Avouer quoi ?

— Qu’il est juste et séant que je t’envoie à l’échafaud.

— Vraiment ! — dit M. de Plouernel, reprenant peu à peu son sang-froid, et essayant de lutter de raillerie sinistre avec Victoria, — vraiment ! tu me convaincras de cela ?

— J’en suis certaine, à moins, cependant, que la partialité ne t’aveugle ; mais, non, non, tu te rendras à l’évidence.

— Et je m’en irai, le cœur allègre, porter ma tête à la guillotine ?

— C’est mon plus doux espoir.

— Tu prends fort souci de la sérénité de mes derniers moments ?

— Sans contredit, car, enfin, ne pouvais-je pas, tout à l’heure, te brûler simplement la cervelle, lorsque tu t’es introduit céans, comme un larron, en brisant cette vitre ? Voyons, dis, le pouvais-je ?

— Tu le pouvais.

— Donc, je ne l’ai point fait, comte, afin de t’instruire du pourquoi de ta mort.

— En somme, je dois mourir, parce que le sergent Maurice a subi un châtiment mérité par son insolence.

— Je n’ai pas à venger que ce meurtre.

— Quoi donc encore ?

— Oh ! bien d’autres morts, bien d’autres martyrs, bien d’autres crimes !

— Commis par qui ?

— Commis par Neroweg, comte de Plouernel.

— Moi !…

— Chacun de ces forfaits, te dis-je, a été commis par Neroweg, comte de Plouernel.